english version
« I have realized works which remove more or less from merely musical preoccupations. Some amongst them appeal to a meeting of different branches of what could be one single tree. The problem was to try to express ideas, feelings and passing intuitions through different means; to observe everyday affairs in all their realities, whether they are social, psychological or sentimental. This can manifest itself in texts, instrumental textures, electroacoustic compositions, reportings, films, theater plays etc. » « I wanted to be a radical as possible, and take it to the limit in terms of using natural sound, by not including any artificial, sophisticated sound at all. Once I'd done "Presque Rien N° 1" I didn't need to be that radical anymore. There's one landscape, a given time, and the radical thing is precisely that it's just one place at one specific time, daybreak. What's nice about the "Presque Riens" is that you really notice the things you hear, and eventually there's a moment where sounds stand out more than they normally would. I went everywhere with my tape recorder and microphone, and I was in this Dalmatian fishing village, and our bedroom window looked out on a tiny harbour of fishing boats, in an inlet in the hills, almost surrounded by hills-which gave it an extraordinary acoustic. It was very quiet. At night the silence woke me up-that silence we forget when we live in a city. I heard this silence which, little by little, began to be embellished... It was amazing. I started recording at night, always at the same time when I woke up, about 3 or 4am, and I recorded until about 6am. I had a lot of tapes! [...] "Presque Rien N° 2 was a derailment of "Presque Rien N° 1". There were two places, and it's more or less nighttime, dusk instead of dawn. That meant I could sleep in in the morning! (Laughs) I was struck by the night in a tiny village in Corbières called Tuchan, where I went walking at night with [my wife] Brunhild, recording. The night had an extraordinary sound quality-distant traffic, birds, crickets more or less nearby, bells, dogs... There was also the idea of the walker/observer, who realises what he's recording and adds his ideas. In fact there's true and false involved-there are some things which were added for dramaturgical reasons, some commentaries which are completely bogus! (Laughs) In any case, playing with truth and lies is what makes up the concept, which came later when I realised that a "Presque Rien" was being born... Instrumental sounds are added too: putting the walker inside the recording process and recognising him as a person, led me to think: "There are these natural sounds, and I'm going to make sounds too, incorporate a symbolic transcription of what comes into my head and then intervene as composer." So I became a kind of director. » 1 |
version française
« J'ai réalisé des travaux qui s'écartent plus ou moins des préoccupations musicales pures, et dont certains font appel à une rencontre entre branches diverses de ce qui pourrait être un même arbre. Le problème étant d'essayer d'exprimer, à travers des moyens différents, des idées, des sensations, des intuitions qui passent ; d'observer le quotidien dans toutes ses réalités, qu'elles soient sociales, psychologiques ou sentimentales. Ceci pouvant s'extérioriser sous forme de textes, d'écritures instrumentales, de compositions électroacoustiques, de reportages, de films, de spectacles, etc. » « J'ai voulu avoir une démarche radicale, aller jusqu'au bout de l'utilisation du son naturel, en mettant dedans aucun son fabriqué, sophistiqué. Une fois que j'ai fait "Presque Rien No. 1", je n'avais plus besoin d'être tellement radical. Il y a un paysage, un seul, et un temps donné, et la radicalité de la chose c'est que c'est un seul endroit et c'est un moment de la journée déterminée, le lever du jour. Ce qui est bien dans les "Presque Riens" ce sont des choses entendues qui se font remarquer: finalement il y a un moment où les sons se font remarquer plus que normal. Je me baladais toujours avec magnétophone et micro, et là j'étais dans un village de Dalmatie, et notre chambre donnait sur un tout petit port de pécheurs qui était pris dans des collines, ce port s'approfondissait dans des collines, ce qui donnait une qualité acoustique extraordinaire. C'était très silencieux. La nuit j'étais réveillé par le silence, ce silence qu'on oublie quand on habite en ville. J'ai entendu ce silence qui petit à petit commençait à se vêtir. C'était une merveille. J'ai commencé à enregistrer la nuit, toujours à la même heure quand je me réveillais3h ou 4h du matin et j'enregistrais jusqu'à environ 6h.. J'avais beaucoup de bandes! [...] "Presque Rien No.2" était un dévoiement de "Presque Rien No.1". Il y a deux endroits, et c'est plutôt la nuit, le crépuscule plutôt que l'aurore. Ce qui me permettait de dormir le matin! (Rires) J'étais saisi par la nuit dans un petit village des Corbières qui s'appelle Tuchan, où la nuit je me baladais avec Brunhild et on faisait des enregistrements. La qualité de la nuit était extraordinairele bruit des routes au loin, les oiseaux, les grillons plus ou moins près, les cloches, les chiens.. [...] Il y avait aussi l'idée du commentaire du promeneur/observateur, qui prend conscience de ce qu'il est en train d'enregistrer, et qui ajoute ses idées. Là-dedans il y a du vrai et du faux.. Il y a des choses qui, pour la logique dramaturgique, ont été ajoutées, il y a des commentaires qui sont faux! (Rires) Le fait de jouer avec la vérité et le mensonge est tout de même le concept, qui est venu après, quand je me suis rendu compte qu'il y avait un "Presque Rien" qui était en train de naître. Il y a des sons des instruments ajoutés aussi.. Le fait de mettre le promeneur à l'intérieur de la prise de son, de le reconnaître comme personne, m'a fait penser: "Maintenant il y a des sons naturels, mais je vais aussi en fabriquer, je vais introduire une transcription symbolique des sons qui me sont rentrés dans la tête et ensuite intervenir comme compositeur." Entrer dans une pratique de réalisation. » 1 |